lundi 20 juillet 2009

LES ANGES DE LA MORT



LES ANGES DE LA MORT de Joël Pfister

GENESE DU PROJET
Au niveau du scénario, au départ il était prévu de faire un giallo. Mais le temps de préparation et de tournage était bien trop courts. Donc, je me suis rabattu sur un thème qui m'est cher et j'ai écrit les grandes lignes du scénario. J'ai peaufiné l'ensemble avec Loïc, Adrien et Adrian mais finalement on a pratiquement rien changé à ce que j'avais écrit. Il était prévu que le personnage final soit un homme mais l'idée d'avoir une distribution exclusivement féminine me plaisait mieux. Et puis, on désirait avoir un cimetière mais une fois découvert le lieu de tournage, on a dû s'arranger autrement car...ben... y'en avait pas. Au niveau du look des personnages, il y a eu pas mal de changements, car on arrivait pas à trouver certains accessoires et vêtements. Finalement, c'était un mal pour un bien car cela a permit d'épurer le style des Anges sans tomber dans les clichés. Les fringues que les Anges portent sont leurs propres habits, volontairement choisis pour leur côté vieillot et passé de mode. Je ne voulais pas de costumes car cela fait trop... costume. Il fallait que les comédiennes fassent corps avec leur habillement, qu'elles se sentent à l'aise et que cela ne donne pas l'impression d'être au Carnaval. Pour le choix des vêtements, ce fut de longue haleine, une recherche entre moi et chacune des comédiennes. Pour celui de la fille sur le banc, par exemple, c'est directement elle qui m'a proposé de se mettre en nuisette pour le deuxième "état" de son personnage.

Sur le tournage, je dirigeais les comédiennes. Loïc et Adrien s'occupait de la technique, à savoir la photographie et les cadrages avec toujours mon consentement. C'est généralement moi qui choisissait le stlye de plan : caméra portée, plan large, zoom, etc... Toujours en consultant mes deux co-équipiers, en cherchant ce qu'il y avait de mieux à faire. On a eu un semblant de storyboard que l'on a vite abandonné. Le 90%, c'est de l'improvisation pure. On savait plus ou moins ce que l'on voulait tourner, mais c'était très vague. A la fin, on a pratiquement rien changé dans notre scénario (si ce n'est la disparition du personnage de Camille, non prévue!).

Durant les prises de vue, on a filmé le "pire" jour qui soit : c'est à dire durant La fête des vendanges (ou vignerons, je sais plus!) et que c'était quasiment impossible d'avoir une prise son directe avec tout le bruit environnant. Et je ne parle même pas des gens qui se baladaient dans le lieu où nous tournions. Il suffit de faire jouer des jolies femmes (dont une légèrement dévêtue) pour que rapplique des "pervers" qui se planquent derrière des arbres. C'est pour "simplifier" l'aspect technique que nous avons tourné sans son. Même sans les festivités locales de ces deux jours de tournage, on aurait opté pour cette option. Car cela joue parfaitement bien avec notre scénario et cela fonctionne très bien. De même pour le fait d'avoir filmé en noir/blanc. Cela rajoute dans l'aspect "passé" que je désirais faire et cela donne encore plus une certaine poésie à l'ensemble. Et je n'en suis que plus content. C'est un pari technique finalement assez payant qui participe pleinement à l'ambiance que je voulais donner.

Pour la petite anecdote, le sang est un mélange de sirop de chocolat (pour la couleur) et de sirop de framboise... Au début, Loïc avait sa propre mixture "rouge" mais Laurent (assistant réalisateur sur le court-métrage) a proposé le chocolat qui donnait un bien meilleur aspect en noir/blanc. Grâce lui soit rendu, et maudit par les comédiennes (ainsi que les 3 réalisateurs), car cette mixture avait le don de s'infiltrer partout sur le corps des comédiennes et cela collait et était apparemment très désagréable. Les cheveux qui se collaient sur la nuque, les poils de bras, les fringues tâchées et qui sont pénibles à porter, etc... L'horreur. Pour la séquence finale, filmée la dernière heure de tournage, durant la préparation les comédiennes se sont retirées chacune de leur côté pour se mettre dans l'état émotionnel de leur rôle. Ce ne fut que plus éprouvant car avec la fatigue et tout le reste, l'émotion qui se dégage de la scène est réelle et non feint. Ce qui renforce encore plus la clôture des ANGES DE LA MORT!

Pour le montage, on a fait cela sur Final Cut, c'est Loïc et Adrien qui se sont occupés de cela pendant que je donnais les directives d'agencement des scènes. On se concertait toujours pour savoir si cela convenait aux trois. Vu que j'avais une assez bonne vision des scènes déjà au niveau du scénario, on avait très peu d'images "à jeter" et celles-ci s'agençaient très bien, avec un bon rythme. Tout ceci a été monté assez rapidement, en quelques heures c'était fait. On n’en revenait pas d'avoir fait aussi vite!

Pour la musique, Adrian a bien expliqué comment cela s'est passé. Ce fut une étroite collaboration entre les deux uniquement. Je lui ai donné des instructions le plus précisément que je pouvais, en terme d'ambiances sonores et de mélodies. Ce ne fut pas facile, il y a eu tout un processus de création pour arriver au résultat final. Je me rappelle des mails et coups de fils, tard le soir, entre Adrian et moi pour pouvoir trouver le son juste. Le résultat final est impressionnant, et comble toutes mes attentes! J'ai réussi, avec toute l'équipe du film, à mettre en scène l'histoire et je suis fier du résultat. Le film est beau, mélancolique, avec une vraie ambiance et des actrices magnifiques. Happy!

Quelques explications concernant le son et la musique, données par Adrian :
« Passons au son et musique. J'avais assisté au premier jour de tournage et savait de quoi allait l'histoire. A ce niveau-là, j'avais déjà quelques idées. Joël m'avait aussi donné quelques pistes de ce qu'il cherchait, échangé quelques noms de compositeurs, quelques ambiances…

Puis j'ai eu un premier montage. J'avoue que la première vision a été un peu spéciale, car je m'étais imaginé certains trucs un peu différemment, comme je pense certains d'entre vous en voyant que les photos…

A partir de là, j'ai commencé à enregistrer plusieurs mélodies que j'envoyais (merci l'informatique) régulièrement à Joël pour qu'il me donne son avis. Des fois que la musique, des fois avec un montage vite fait sur iMovie. Ensuite, si quelque chose lui déplaisait, il me corrigeait un peu le tir (ce fut surtout le cas d'une scène où j'avais fait quelque chose d'ultra rythmé alors que lui misait plus sur les "ambiances").

Concernant la construction elle-même de la musique, j'étais parti sur une idée de leitmotiv, mais le format est trop court. J'ai ensuite voulu associer à chaque personnage un instrument de musique, mais l'effet final était décevant. J'ai donc opté par la confrontation des deux univers, vampires et non-vampires, les deux s'entrecroisant par moments (comme dans la petite poursuite), et par les contrastes de violences sonores.

D'un point de vue "technique", j'ai aussi effectué une différence entre ces deux univers. A la base je pensais faire les victimes qu'avec des éléments acoustiques et les vampires ou les moments doux en déflagrations électroniques, j'ai opté pour l'inverse. Ainsi, les moments doux sont entièrement faits informatiquement avec des instruments virtuels plus ou moins réussis. Pour les moments "où je pète les plombs", en dehors des sons éloignés de cuivres que je regrette, le matériel s'est arrêté à:
a) une table de mixage
b) un micro

Tous les sons sauvages que vous entendez sont des triturations de larsens, de la flûte traversière, une guitare électrique, des casseroles, des pins ou un porte-clés, mais essentiellement ma voix. Que ce soit suintements, harmoniques, grincements, grognements ou cris de Nazgûl. Même le choeur en fond de la fin de l'introduction est construite sur plusieurs pistes de ma voix chantant de basse à mezzo-soprano.

Après, bon, le mixage final c'est du fait maison avec le peu que j'ai de notions de mixage Il manque furieusement de basses par moments avec du recul et de netteté, mais j'apprends gentiment sur le tas... »

Quelques avis :
« On est vraiment en face d'un vrai bon boulot et non d'un film de potes. Particulièrement bien écrit, ce court métrage maîtrise très bien le décor imposé par le concours et sans spoilier, le concept technique du film fonctionne à merveille. Il y a deux ou trois petites maladresses, mais elles n'enlèvent rien au charme du film. Le dernier plan est excellent. Bref, joli coup d'essai les gars. » - Remy Dewarrat

« Félicitations à toute l'équipe des 'Anges de la Mort' ! Vu au milieu d'une douzaine de 'courgemétrages' j'ai bien aimé l'univers 'autre' proposé. Non dénué de défauts, ce 1er essai reste, avec les moyens et le temps mis à disposition, plus qu'encourageant ! Vivement la suite! »– Reynald

« … C'est propre et on sent que vous avez le sens de la grammaire et du cadre. Pour le montage j'ai plusieurs réserves par contre; certains "problèmes" que la musique a adoucie d'autres qui étaient au-delà. Mais quoiqu'il en soit la critique est facile, donc bravo pour le boulot! » - Olivier Beguin

« Des petites faiblesses inhérentes au premier essai, comme un certain manque de clarté dans un scénario déjà minimal, mais le casting est globalement excellent, comme la photo, la musique. Très belle atmosphère "jeanrollinienne"! Bravo! » - Jérôme Piroué

« J'ai beaucoup apprécié le silence à la fin de la projection au Bourg à Lausanne, il en disait long sur l'originalité et le décalage par rapport aux autres courts métrages. Le choix du noir/blanc, ainsi que la musique soutiennent très bien l'histoire, bravo, beau boulot ! » - Clarence Whorley






















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